Un steward négligent ramène la Covid-19 au Vietnam

Au soir du 30 novembre, le ministère de la Santé a annoncé le premier cas de contamination locale dans le pays depuis trois mois. Le patient 1347, professeur d'anglais à Hô Chi Minh-Ville, a été infecté lors d'une visite à son ami steward pendant sa période de quarantaine à domicile.

©Adrien Jean

Deux tests négatifs, puis…

Le 14 novembre, un steward de la compagnie Vietnam Airlines de retour du Japon atterrissait à l’aéroport de Tan Son Nhat (Hô Chi Minh-Ville), après une escale éclair à Can Tho. Lors de sa quarantaine au centre prévu à cet effet par la compagnie aérienne, l’homme de 28 ans est testé deux fois à la Covid-19. Les résultats sont négatifs. Comme le prévoit la législation, après 5 jours et 2 tests négatifs, l’équipage est autorisé à effectuer le reste de la quarantaine à domicile. Ainsi, entre le 18 et le 28 novembre, le steward reste assigné à résidence, dans le district de Tan Binh. Ce n’est que 14 jours après son arrivée dans le pays, le 28 novembre, que le steward apprend sa positivité au coronavirus lors du troisième et ultime test règlementaire.
 

La découverte de deux infractions

Le département de la Santé lance alors une enquête pour mettre en lumière l’origine de l’infection. Les autorités découvrent que pendant son séjour dans le centre de quarantaine de Vietnam Airlines, le patient 1342 est entré en contact direct avec un steward provenant d’un vol dans lequel de nombreux cas ont été détectés. L’enquête se poursuit et révèle peu après une seconde infraction : lors de sa quarantaine à domicile, l’homme avait reçu la visite de sa mère et de deux amis. Les trois visiteurs sont immédiatement isolés puis testés. L’un d’entre eux est positif à la Covid-19, un professeur d’anglais vietnamien de 32 ans habitant dans le district 6. Il s’agit du cas numéro 1347.
 

Des conséquences possiblement exponentielles

Dans l’après-midi du 30 novembre, dès l’annonce des résultats du test, le ministre de la Santé convoque une réunion d’urgence afin de mettre en œuvre les mesures de traçage, d’isolement et de dépistage de toutes les personnes en lien avec les patients 1342 et 1347. Les premiers chiffres font état de 146 personnes en contact direct avec le professeur d’anglais, dont 109 dans le district 10. Trois établissements de la ville visités par le professeur ferment leurs portes à titre préventif : KEY English Center, le Highland Coffee du centre commercial de Van Hanh et le karaoké ICOOL. Le centre de quarantaine de Vietnam Airlines est lui aussi fermé temporairement. Ce 1er décembre, une téléconférence réunissant 129 hôpitaux d’Hô chi Minh-Ville est en cours, sous l’égide du ministère de la Santé.
 

Un cas isolé qui pourrait changer les mesures d’isolement

Cette affaire intervient au terme de 88 jours sans la moindre infection locale répertoriée au Vietnam. Depuis le 22 mars, les frontières du pays sont fermées, mais les ressortissants vietnamiens et les étrangers ayant le statut d’expert, de travailleur hautement qualifié, d’investisseur et de diplomate sont autorisés à entrer au cas par cas, à condition de se plier à une quarantaine et à des tests de dépistage à l’arrivée, à leurs frais. Lors de la réunion du 30 novembre ayant impliqué les ministères de la Santé, de la Défense nationale, de la Sécurité, des Transports et des Affaires étrangères, un durcissement des mesures d’isolement des arrivants de l’étranger a été discuté.
 

A date, les rapports font état de 1347 personnes ayant contracté le virus au Vietnam depuis le début de la pandémie, dont 130 cas encore actifs et 35 décès. Près de la moitié de toutes les personnes ayant été contaminées sont des arrivants de l’étranger testés et isolés dès leur entrée sur le territoire, selon le ministère de la Santé. Environ 16 000 personnes seraient actuellement en quarantaine à travers le pays.

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